Depuis quelques années la médiathèque de La Trinité Participe au marathon de lecture du Prix littéraire Prince Pierre. Les lecteurs des médiathèques peuvent, s'ils le souhaitent , rédiger une critique des ouvrages sélectionnés. Avec son aimable autorisation, nous publions une critique d'une de nos lectrices.
Qui que vous soyez, lisez « Aime la guerre » !
Qui que vous soyez, lisez « Aime la guerre » !
Si vous avez, il y a longtemps déjà, traversé l'Afghanistan sur la route de Katmandou, vous rajeunirez ! Si, à vingt ans, vous avez adoré « Les Cavaliers » de Kessel, vous y prendrez le même plaisir. Enfin, si vous ne connaissez de l'Afghanistan que les communiqués de guerre, peut-être comprendrez-vous enfin pourquoi l'incompréhension entre Occidentaux et Afghans atteint une profondeur abyssale.
Et tous vous serez séduits...
En effet, le roman fourmille de références et Paulina Dalmayer ne s'en cache pas ; au contraire, c'est un procédé. Pour planter le décor, elle utilise fort adroitement les émotions que nous avons engrangées à la vision de films comme « Apocalypse Now » et à la lecture de Conrad ou Kessel. Dès lors, pas besoin de descriptions pointilleuses ; l'impressionnisme suffit : les corps des vieux Afghans sont comme faits de plâtre sec, les silhouettes des femmes ondulent, leurs costumes sont des taches de couleur dans le paysage, la brume flotte au-dessus des champs, le pelage des ânes fume dans le froid, la lumière est mielleuse...
Quant à l'histoire, c'est tout simplement Jules et Jim au pays des Afghans : une journaliste et deux baroudeurs, pour qui la fonction propre de l'homme est de vivre, pas d'exister. Leur vie est trop dense, trop épaisse ; il leur faut la prendre avant que quelqu'un d'autre ne s'en empare. Dans un lieu fort pour les hommes forts, la guerre est leur mode de vie. Et leurs réactions portent à réfléchir. On peut ne pas adhérer, bien sûr ; on peut adorer détester cette guerre, mais on ne l'oubliera plus, tant l'écriture de Paulina Dalmayer est dense et forte.
Si elle a eu, comme Joseph Conrad, des ancêtres en Pologne, pays tourmenté s'il en fût, peut-être n'est-ce pas un hasard...
Alors, n'hésitez plus et régalez-vous !
Mme Catherine C.
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